Chère N,

Tout d'abord je vous remercie pour votre critique consciente et réfléchie, qui nous montre avec franchise des points pas "faibles" mais "discutables" du projet : Notre Combat. Sachant d'emblée, qu'il y a autant d'opinions différentes que d'habitants sur terre sur ce projet, je peux seulement essayer de vous expliquer la mienne, de ma situation d'Allemande et artiste, directement touchée dans son histoire familiale par ce que s'est passé : Au premier abord, ce projet me paraissait naif : le livre et ce qui s'est passé, trop monstrueux pour cette approche "artistique".

Mais avec le temps j'ai pu constater, que ce qui peut paraître "naïf" ce sont la sincérité et le dévouement absolus de Linda pour son projet.
Par les rencontres et le développement du projet j'ai pu acquérir une nouvelle conscience de ma responsabilité d'Allemande dans le monde d'aujourd'hui. Oui nous parlons justement sans gêne de notre support si "fameux", et nous apprenons même des leçons du contenu des pages ,comme le font bien de politiciens et meneurs d'agences de pub, mais avec un autre but: La constitution d'un front international des Artistes contre la folie exprimée sur ces pages et bien poursuivie sous des couleurs diverses dans l'actualité de nos jours.

Pour protester, pour se défendre, pour combattre il faut connaître les stratégies de l'ennemi et elles sont bien expliquées sur les pages. C'est très grave, vous avez raison, qu'elles soient lues en Turquie dans le sens de l'auteur, mais d'autant pire, si elles sont "tabou" ici! C'est comme si l'on couvrait de maquillage un abcès sous la peau au lieu de le crever, faire sortir le pus et par ça l'assainir.
Mon père raconte, comment les intellectuels de l'époque ont rit du "petit fou à Munich", ne l'ont pas pris au sérieux, n'y ont pas regardé. Cette manière d'autruche était néfaste. On raconte aussi, que le fait que les intellectuels n'étaient pas assez liés entre eux a contribué à ce que l'Allemagne, antérieurement appelée "le peuple des poètes et penseurs", a pu basculer d'une telle façon.

Toute grande idée doit avoir un support, une base, et comme base très basse, même purement matérielle dans certaines interventions, je considère ces pages, qui, contrairement à votre compréhension, sont bien sûr lues et souvent les intervenants ont lu le livre. En observant l'envergure, que le travail de Linda est en train de prendre aussi par le recrutement d'artistes et d'intellectuels éloquents, qui arrivent par leur manifestations médiatisées à sortir l'artiste de son coin de petit fou heureux et de sa tour d'ivoire, au mieux d'une position de bouffon de la cour, et à augmenter son estime et l'impact de ses opinions relativisantes et critiques dans l'opinion publique, je me permets d'espérer: Qu'on apprend de l'expérience historique en formant un "puissant" réseau d'artistes, d'intellectuels, et de M.et Mme.

Tout le monde, c'est-à-dire des civilistes de tous les pays, international et avec les moyens de communication modernes. Et, tout prosaïquement à côté de ces grandes idées idéalistes, à une organisation de soutien des artistes entre eux, à des liaisons "d'affaires", à un réseau du "qui fait quoi et pourrait le faire où" - à un pistonnage pas exclusif mais généralisé - ce qui manque terriblement et est que insuffisamment et de manière trop intéressée et parasitée colmaté par des organismes comme "Maison des Artistes" et "Intermittents". Voilà - j'espère de ne pas trop vous choquer par ces idées "grandioses" - mais vous devez prendre en considération mon penchant allemand pour les idées extrêmes, exubérantes, mégalomanes, irréalistes, paraissantes irréalisables... composante de caractère génétiquement déterminée de mon peuple et si dangereuse car, combinée avec sa prédilection pour le perfectionnisme, si bien utilisable pour tout meneur de guerre. Si malgré tout nous arrivions à vous convaincre et à obtenir une contribution de votre main, qui exprimerait peut-être vos réticences, interrogations et doutes fertiles ? Linda et moi n'en serions que d'autant plus honorées!

 Cordialement:

K.